Le combat enflait comme des coulures de neige dévalant d’un sommet. Au diapason des mugissements de milliers de voix, l’aigu des fers qui se mordent, les chocs des coups et des corps, le martèlement des pieds et des sabots faisant vibrer la terre. Ils avaient l’avantage, ceux, en surcot safran, qui, sur les chars, menaient les aurochs à percuter les lignes des fantassins commorians. Sur l’arrière, les archers étaient gênés par le soleil déclinant, embrasant le champ de bataille de mirifiques rayons d’or comme pour couronner une dernière fois les morts. Plus au nord, là où les premiers contreforts du Nordheim épousaient la vallée, à la limite de l’écume noire de la forêt, des cavaliers des deux camps voltigeaient comme des nuées d’insectes, harcelant la masse des troupiers avançant pied à pied.
Æsir, chapitre 10 : jours de guerres.